lundi 4 mai 2015

En chemin…



Je suis partie marcher une semaine sur le chemin de Compostelle.
Je suis rentrée.


Le Chemin, que je vais appeler le Camino, comme on l'appelle affectueusement quand on est en route, et pour le différencier du Chemin intérieur qui va de pair en ce qui me concerne, le Camino donc m'a appelée il y a un bon moment déjà à le rejoindre.

J'ai choisi de partir de chez moi, de quitter le seuil de ma maison pour rejoindre Compostelle seule avec mon sac à dos. Dans ma vie idéale, je serais partie, comme ça, pour deux à trois mois de marche à pied, à la rencontre de moi-même. Mais si la vie était idéale, elle manquerait de surprises. Donc je fais mon chemin en dilettante, tout en repent soin de revenir au point où je me suis arrêtée la fois précédente.

En partant de ma maison, je me suis offert une belle progression dans ce chemin. C'est dans le morceau que je viens de faire que je m'en suis aperçue. Mais reprenons du début.



J'ai quitté le seuil de ma maison avec un sac bien lourd, contenant entre autres choses une tente et un gros sac de couchage, parce que j'ai démarré mon Camino le 29 décembre 2013. Même pas peur !
La météo a été très favorable, et j'ai vraiment découvert quelque chose de particulier sur cette toute première partie. Notamment que 14 kilos pour un sac à porter 5 heures par jour, c'était beauuuuuuucoup trop.
Sur cette toute première partie du Camino, j'ai été très seule. D'abord parce que ce n'est pas le chemin de Compostelle, entre ma maison et Charavines, où je suis arrivée après 6 jours. C'est une route quelconque que j'ai dû dessiner moi-même, choisir pas à pas, découvrir sans topo-guide. Ensuite parce que du 29 décembre au 3 janvier curieusement, il y a assez peu de randonneurs au long cours :-D
Mais j'ai aussi été très accompagnée. Je partais avec ma foi en quelque chose et l'envie d'en trouver des signes jour après jour, et j'ai été bien servie, je vous assure !



Je suis repartie en février 2014 avec un sac bien plus léger. Je n'avais aucune intention de planter ma tente, et j'ai choisi de privilégier un certain confort de marche.
Sauf que.
Sauf que l'Univers avait d'autres projets pour moi, et que je suis partie avec un genou légèrement douloureux qui s'est trouvé totalement handicapé dès la fin du premier jour de marche. Je suis arrivée boitillante à la Côte-Saint-André et c'est en me retrouvant sous la grande halle du village que j'ai réalisé que je connaissais quelqu'un qui habitait là et que je savais même parfaitement où se trouvait son immeuble, tout près d'ici, et je suis allée frapper à la porte de mon amie qui m'a accueillie les bras ouvert.
J'ai tenu à marcher un jour de plus, pour voir ce que donnait une journée avec un strapping et ma genouillère, mais je n'avais déjà plus le chemin devant moi. Mon amie au fil de la discussion m'a organisé une rencontre avec son amie sorcière, qui se trouvait exactement à une journée de marche de chez elle en suivant le Camino. Et la sorcière, qui est devenue aussi mon amie au passage, s'est occupée de mon corps et de mon âme avec toute sa compétence pour me remettre dans le bus le lendemain (genou HS).
Il est à noter que je n'ai de ce jour plus jamais eu de soucis avec mon genou.
Mais je ne suis pas retournée non plus sur le Camino de toute l'année 2014. À la place, j'ai découvert le chamanisme. Un outil qui prend encore de l'importance dans mon quotidien. Un outil que je ne pouvais pas ne pas acquérir à ce moment-là de ma vie.

Et 2015 est arrivée.
J'avais en perspective une semaine de vacances au printemps, sans enfants et sans autre engagement, et le Camino est revenu frapper à mon cœur pour m'inciter à reprendre ma marche à l'endroit où je l'avais laissée.


J'ai découvert un nouveau visage du Camino. Celui des pèlerins. Je n'en avais pas croisé un seul jusque là, mais cette fois c'était différent. J'ai partagé le gîte chez une famille "relais jacquaire" les deux premiers soirs, une fois avec un couple qui avait déjà fait la partie Le Puy-Santiago (la via Podiensis) et qui faisait "le bout qui leur manquait" entre Genève et Le Puy (la via Gebennensis, sur laquelle je me trouvais), une fois avec Daniel, mal-voyant qui voulait faire son chemin avant que la cécité le rattrape. Le troisième soir j'ai eu le choix entre m'arrêter dans un gîte ou faire 6 km de plus (soit 31 km pour la journée, mais 6 de moins pour l'étape du lendemain qui risquait d'être particulièrement longue). J'ai choisi la seconde option, et si je suis arrivée dans un état lamentable chez mon chaleureux accueillant du soir (j'avais même de la fièvre, je crois, tellement j'étais fatiguée), j'ai joui d'une nuit délicieuse avec un grand lit et une chambre pour moi toute seule !

Mais le pèlerin m'a rattrapé !
Le lendemain, Nicolas de son pas allongé et dynamique, est arrivé à ma hauteur (il m'avait déjà mis 6 kilomètres, quoi ! Mais je ne sais pas à quelle heure il était parti le matin…), et nous avons continué ensemble.

J'ai terminé ma semaine avec Nicolas, Elias, Lucien, Daniel (un autre), Stéphane et Brian. Plutôt bien entourée ! Et j'ai découvert le plaisir de retrouver les uns et les autres, tantôt assis sur une pierre à dévorer leur pain et leur saucisson, tantôt à la terrasse d'un café avec une bonne bière. Nous avons partagé les gîtes au hasard de nos réservations, et vraiment, vraiment, ça a été très dur de laisser le Camino à l'issue de ma semaine, une fois rejointe la ville du Puy en Velay, en sachant que quatre des amis continuaient vers Compostelle. Et moi, j'ai dû reprendre le train.




En Chemin vers moi-même.
Et en Chemin vers les autres.
De toutes les façons il y a quelque chose à apprendre, quelque chose à dépasser de soi, quelque chose à laisser derrière, quelque chose à rapporter.

Et même si je me tape à chaque fois les 4 jours les plus durs d'une longue marche, pour revenir chez moi dès que mon corps se sent bien dans sa marche, je sais que je reprendrai la route. Cet été, cet automne. Le camino m'attend !


Et vous ? Vous marchez ? Vous avez déjà "fait Compostelle" ? Comment allez-vous vers vous-mêmes ?

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